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  • Photo du rédacteurIseline Louis Rossi

En quoi la culture du régime, la grossophobie, à un impact direct sur notre santé ?

La grossophobie est un impact direct de la culture du régime ou dietculture. Sortir des injonctions de la culture du régime et la stigmatisation du poids intériorisée est un processus long et progressif. Mon approche est de venir travailler en profondeur ce qui va entrainer une relation au corps et à la nourriture compliquée. Mon travail est, d’après moi, politique, car c’est un travail du care qui vient remettre en question les biais sociétaux racistes, validistes, grossophobes, patriarcaux et queerophobes. Ici j’aimerais doucement commencer à expliquer mon approche et ce qui motive mes engagements pris dans ma pratique de diététicien.ne. En premier lieux, il est important de comprendre en quoi déconstruire notre relation à la nourriture et au corps est nécessaire.

Une personne couché sur un lit, une clope à la bouche, quelques livres à ses pieds. Le lit et les rideaux sont bleues.
La chambre bleue - Suzanne Valadon (1923)

La stigmatisation à un impact sur la santé mentale et le corps, on l’appelle la charge allostatique. Ce terme vient de psychologues qui ont étudié l’impact du stress chronique sur le corps et l’apparition de certaines maladies liées à ce stress.

L’effet du stress chronique sur le corps impact le système cardiovasculaire, le système nerveux sympathique et parasympathique ainsi que le métabolisme. Car le stress chronique touche le corps entier, il a été montré que la charge allostatique est plus fiable prédicteur de troubles de santé chronique que d’autres marqueurs. Les études et recherches montrent que l’impact de cette charge allostatique engendrée par les injonctions de la culture du régime et la grossophobie intériorisée à de sérieux effets sur le corps. Voici quelques études intéressantes pour venir appuyer ce point important et nécessaire pour entamer un travail en profondeur.


Une étude (1) réalisée sur 1000 participant.es suivi.es sur 10 ans, montre que celleux qui vivaient le plus de stigmatisation corporelle pendant cette période avaient deux fois plus de chances d’avoir une charge allostatique élevée que celleux qui ne le vivaient pas, indépendamment de leurs IMC. On en conclut que la stigmatisation du poids est un facteur de risque indépendant pour le stress chronique. Cette étude montre aussi que les impacts de cette stigmatisation du poids sur la santé était plus élevé que ce que les chercheur.euses appelaient « habitudes alimentaires de pauvre qualité », ce qu’on traduit en culture du régime par « manger mal ». Conclusion : La stigmatisation du poids entraine un risque plus élevé pour la santé que ce que tu manges.


En 2015, une étude (2) réalisée par UCLA à exposé un groupe de jeunes femmes à une intervention stigmatisant le poids : les participantes ont eu comme information qu’elles ne pouvaient pas participer à une session shopping en groupe avec des habits de designer car la forme et la taille de leurs corps n’étaient pas « idéal » (soit qu’elles risquaient d’étirer ou de déchirer les habits si elles les portaient). Les chercheur.euses ont mesurer le taux de cortisol (hormone du stress) avant et après l’expérience. Iels ont observé qu’après l’exposition à cette stigmatisation du corps, le taux de cortisol augmentait.


Pour les personnes se considérants déjà comme « heavy » (soit lourd, un autre terme pour dire gros) les taux de cortisol restaient élevés pendant et plusieurs heures après l’intervention. Leurs corps restaient dans un état de stress bien après l’intervention. Les personnes se considérants comme « average » (soit moyen ou de poids normal) retournaient à un taux de cortisol normal peu de temps après l’intervention.

La perception corporelle de ses deux groupes ne correspondait pas à leurs poids actuels : 50% des femmes se considérant comme grosses avaient un IMC normal et une poignée de femmes se considérant comme de poids normal avaient un IMC dans la catégorie « surpoids » ou « obèse ».


Une étude (3) réalisée en 2008 qui prenait un échantillon représentatif de la population des EU (environ 170 000 personnes de tout âge, origine et niveau d’éducation) à observer le lien entre l’image corporelle des participant.es et leurs santés. Plus la différence entre le poids actuel et leurs idées du poids « idéal » était grande, plus iels souffraient de problèmes de santé mental et physique le mois d’avant, indépendamment de leurs IMC. L’effet était plus grand chez les femmes que les hommes, mais globalement ce lien est resté présent. Cela veut dire que deux personnes de la même corpulence pourraient avoir des problèmes de santé complétement différents dépendant seulement de leurs degrés d’acceptation du corps. L’envie de perte de poids est synonyme de plus mauvaise santé, indépendamment la corpulence.


De plus, il est prouvé que vivre une stigmatisation du poids augmente les chances de prises de poids et réduit les possibilités de perte de poids sur le long terme. Bien qu’il soit totalement ok de prendre du poids et de vivre dans un corps gros. Ce qu’on observe c’est que la culture du régime pousse à vouloir perdre du poids grâce à cette stigmatisation corporelle qui serait un moyen de « motivation » alors que c’est exactement l’inverse qui est entrainé.


Comme le montre une étude (4) de 2013 sur des personnes vivant cette discrimination liée à leurs poids. Ces personnes ont 2,5 fois plus de chance de passer dans la catégorie « obèse » dans les 4 ans qui suivent que les personnes ne vivant pas de discrimination de ce type. Cette observation est restée la même indépendamment du genre, de l’ethnicité, de l’âge, de l’éducation et de l’IMC de la personne. Une autre étude (5) de 2017 montrent que les personnes vivant ses discriminations avaient 60% plus de chances de se retrouver physiquement inactif.ves que celleux qui ne vivaient pas cette discrimination, à nouveau indépendamment de l’IMC.


Donc c’est assez simple, le stress engendré par la culture du régime et la grossophobie intériorisée est dangereux. Voilà pourquoi en sortir peut être un moyen militant et réparateur pour sa relation au corps et à la nourriture. Ce processus est long, mais les impacts s’observent assez rapidement pour soi et son entourage. Ce travail est aussi un moyen pour soi d’être plus safe et bienveillant autour de soi.


Sources :



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