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  • Photo du rédacteurIseline Louis Rossi

Comment consommer du poisson de manière responsable ?

Dernière mise à jour : 25 oct. 2022

Ici j'aimerai vous parler de la pêche. Les produits de la pêche existent en grande quantité et pourtant il est rare de trouver beaucoup de labels pour assurer leur qualité et leur action positive sur l'environnement. Si vous me connaissez un peu, vous savez que j'ai grandi en Norvège, et le poisson là-bas, c'est un peu l'apport protéique de base. J'ai donc grandi avec du poisson sur nos tartines ou "matpakke" et du poisson au dîner ou "middag". Mais pourtant, on nous parle peu de l'impact de ces produits de la pêche sur l'environnement...


L'étoile de mer symbolise un monde marin vulnérable qui a aussi une part à jouer dans le réchauffement climatique. C'est une photo prise lors d'une balade en bord de mer en Norvège.
Étoile de mer gelée

Comment j'ai découvert, à mon grand désarroi, que le poisson n'était pas toujours sain ?


Mon frère a fait, quand il était encore au Lycée, un travail de recherche sur le saumon. Eh oui! Le saumon en Norvège, c'est un peu une fierté nationale. Et pourtant, le saumon n'est pas un produit très noble. Le saumon d'élevage par exemple est élevé dans des bassins surchargés et est nourri de poissons de fourrage, des petits poissons que leur pêche contribue à vider les océans. Ces aliments comme le krill sont aussi la nourriture d'autres poissons importants comme les baleines, phoques ou manchots et leur prélèvement est néfaste sur la santé de ses êtres vivants majestueux.

Mais il n'y a pas que ça. Les saumons d'élevage sont aussi traités aux antibiotiques qui s'imprègnent dans la chair du poisson et que l'on consomme ensuite. Si vous avez lu mon article sur les pesticides, vous devez savoir que les antibiotiques sont tout aussi toxiques que les pesticides (xénobiotiques). Bref, nous avons vite dû changer nos habitudes dans la famille, en passant au saumon sauvage, beaucoup plus cher, mais de meilleure qualité. Le saumon est devenu un produit de luxe chez nous et je pense qu'il est important qu'il soit reconnu comme tel en cuisine aussi. Petite astuce: testez la truite fumée. En optant pour d'autres produits tout aussi savoureux, on limite la surexploitation du saumon sauvage.


Quelles sont les limites de la pêche ?


Les impacts de la pêche industrielle.


Le vrai problème dans la pêche, c'est la pêche industrielle. Cette pratique ne respecte pas la reproduction des bancs de poissons et elle utilise des méthodes qui ont un fort impact sur l'habitat et la biodiversité. De plus, ces méthodes entraînent une surpêche mais aussi une pêche de poissons accidentellement pris au piège. Ces poissons sont ensuite tués et rejetés à la mer. D'après le WWF (le fonds mondial pour la nature) 40% des captures mondiales sont des pêches accidentelles. Dans ces pêches accidentelles on retrouve le dauphin ou encore les tortues.

Il y a aussi le carburant utilisé lors de l'utilisation de ces engins de pêche, certains sont énormes et les outils utilisés en consomment beaucoup.


Qu'en est-il de la pêche électrique ?


Dans les différentes méthodes de pêche, il existe une méthode qui consiste à électrocuter la vie marine en envoyant une décharge électrique dans les fonds marins. Une méthode moins coûteuse en carburant car l'engin est de plus petite taille, c'est malheureusement une méthode qui n'épargne pas les requins et les raies (poissons électrosensibles) mais aussi les œufs, les jeunes poissons, le plancton et cette pratique pourrait même avoir un impact sur le système immunitaire des crevettes et des vers d'après une étude du Journal of Marine Science.


Des méthodes de pêche qui limitent la qualité du produit.


Ces méthodes de pêche irresponsables ne garantissent pas la qualité du produit, le poisson est écrasé et gardé plusieurs jours sur le bateau avant d'être mis à la vente. La pêche électrique, elle, entraîne des ecchymoses, brûlures et déformations du squelette des poissons pêchés. Les produits se retrouvent à des prix très compétitifs qui incitent beaucoup de monde à augmenter sa consommation de produits de la mer au détriment d'alternatives plus saines et respectueuses de l'environnement. Ceci entraîne un cercle vicieux, avec une augmentation des ventes et donc augmentation de la demande et ainsi une surexploitation de certaines espèces de poissons comme le cabillaud, les crevettes et le saumon. D'après le WWF, la consommation mondiale de produits de la pêche a doublé en 50 ans. Vive les régimes hypocaloriques et frustrants créés par la "diet culture" (l'injonction de devoir à tout prix être mince) !


Impact sur la biodiversité, la pêche profonde.


Dernier aspect à développer sur la pêche industrielle, la pêche profonde. Avec les diminutions en quantité de poissons de surface, ces méthodes permettent d'aller chercher le poisson en profondeur. Sauf que les océans profonds ne contiennent pas que du poisson. Certaines techniques raclent et labourent les fonds marins qui contiennent coraux et plantes aquatiques qui sont aussi l'habitat de petits poissons vulnérables. Le problème avec cette destruction massive, malgré le fait que ce soit une destruction massive bien sûr, est que les fonds marins sont une source de vie incomparable, et un milieu encore très mal connu de la science. Imaginez-vous, un monde magique et quasi inconnu que l'on détruit sans remords, parce que "manger du poisson c'est sain" et maintenant très économique. Cela va faire maintenant 30 ans que l'on a commencé à s'en prendre aux océans profonds.


Les fonds marins ont beaucoup de mal à se régénérer, car la faune profonde est caractérisée par une grande longévité, bien souvent supérieur à 100 ans, avec une régénération très lente. Ainsi les premières captures peuvent décimer un stock pour plusieurs décennies ou siècles. Les milieux marins sont un milieu fragile et essentiel pour une bonne capture du CO2 que nous produisons en grosse quantité. En détruisant les fonds marins, on détruit des forêts marines vielles de plusieurs décennies, responsables de la réduction de la pollution humaine, je vous invite à voir le magnifique documentaire Our Planet qui ouvre un œil curieux et bienveillant sur ce monde caché.


Impact sur la pêche artisanale et certaines cultures.


Certaines cultures dépendent de cette pêche artisanale pour survivre. En diminuant les ressources ainsi qu'en incitant les consommateurs à acheter des produits issus de la pêche industrielle, les pêcheurs tendent à disparaître. Bien sûr, je ne dis pas que l'on doit dépendre seulement de la pêche artisanale pour combler les besoins de tout le monde, mais en privilégiant ces pratiques, on évite de mettre en faillite des pêcheurs qui pêchent le poisson de manière durable. Les pêcheurs en parlent et ils ont déjà alerté les pouvoirs publics, mais il est difficile de se faire entendre face à ses grandes industries. De plus, les méthodes de pêche artisanales emploient deux fois plus de personnes que la pêche industrielle, elles consomment moins de carburant et elles utilisent une méthode de pêche plus sélective qui permet d'utiliser la majorité des captures pour la consommation humaine. Des bénéfices sociaux non négligeables.


Alors comment faire pour consommer des produits de la pêche en restant responsable ?


Se méfier des labels, l'imposture du label MSC (Marine Stewardship Council).


Effectivement, il existe des labels tels que le MSC et bien d'autres ... Bloom est une ONG (association à but non lucratif) qui a choisi d'enquêter sur cette pêche destructrice et plus précisément sur la question de la labellisation. D'après une étude qu'ils ont publiée, parmi les pêcheries certifiées par le label MSC, 83% sont issues de la grande pêche industrielle. Une imposture, car le MSC prétend sur son site que seulement 30% des pêcheries certifiées MSC seraient issues de la pêche industrielle.

MSC initialement créé par le WWF et Unilever, géant de l'agroalimentaire, nous fait croire qu'en consommant ses produits, le poisson est pêché durablement, alors qu'en fait, en achetant des produits labellisés MSC, la majorité est issue de la pêche industrielle. Super rassurant tout ça !


On appelle cela du "greenwashing", car le MSC permet maintenant de maintenir, et même de protéger ces industries de pêche polluantes et destructrices des océans. En plus de ce mensonge, le MSC souffre d'un vrai problème de corruption. Toutes les contestations de certification par des citoyens ou des ONG ont échoué, car le juge censé arbitrer la légitimité des objections est choisi et rémunéré par le MSC.


Privilégier un choix en fonction des méthodes de pêche plus durables et plus responsables.


En choisissant une méthode de pêche plus vertueuse, vous privilégiez une pêche plus artisanale et respectueuse des écosystèmes. De nos jours, documenter les méthodes de pêche est obligatoire. Voici un petit guide, créé par BLOOM, sur les méthodes de pêche et de leurs impacts pour vous aider à faire le meilleur choix. La pêche à la ligne par exemple est plus chère mais de meilleure qualité car le poisson est toujours plus frais. La pêche au casier est aussi intéressante.


Diminuer notre consommation de poissons


Évitez au maximum d'acheter du poisson dont la pêche ne peut être durable ou dont les stocks sont trop bas comme le requin ou les espèces profondes: lingue bleue, sabre noir, grenadier de roche, hoki, empereur, sébaste, etc.

Pour nous, habitants dont la survie ne dépend pas des protéines animales, privilégions une alimentation plus végétale. En plus les bénéfices de ce type d'alimentation ne sont plus à prouver. Diminuer les protéines animales en général est important, car 20% des poissons péchés dans le monde sont du poisson de fourrage pour le poisson d'élevage, le bétail et les animaux domestiques.


Varier les espèces de poissons


Privilégiez un poisson de qualité ou sauvage, en consommant le poisson comme un mets délicat, plutôt que comme une injonction pour la "santé" ou "garder la ligne". J'adore cuire mon poisson à basse température dans une bonne huile d'olive. J'utilise ensuite l'huile chaude pour faire une sauce vierge à base d'ail et d'herbes, tomates si c'est la saison et citron. C'est une préparation qui demande un poisson de qualité pour que les goûts soient sublimés.

En variant les espèces, vous atténuez la pression exercée sur les espèces les plus consommées telles que le saumon, le cabillaud et les crevettes.

Vous pouvez aussi faire comme moi et progressivement arrêter pour opter pour des huiles de microalgues, de la salicorne ou autre produits de la mer qui soit végétal.


Voilà, j'ai encore beaucoup de choses à vous dire sur la protection des océans et les produits de la pêche. Je n'ai par exemple pas parlé de la pêche illégale. Un sujet aussi très important que Sea Sheperd, une ONG de défense des océans indépendante, dénonce et combat. Mais ce sont des sujets pour un prochain article. Le monde marin est un monde magnifique et pratiquement inconnu pour beaucoup. Je vous invite à vous informer sur le sujet car plus vous en saurez, plus votre choix deviendra indépendant et réfléchi.


Si vous voulez en discuter ou si vous avez des questions pour optimiser vos apports en protéines ou oméga 3 liés à une consommation de poissons moins grande, voir à une alimentation végétale, je vous invite à m'envoyer un mail à isenutrition@gmail.com. Vous pouvez aussi directement prendre un rendez-vous à distance ou sur Montpellier.


Sources:

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